Abstract
L’interdisciplinarité est une notion d’apparence sympathique, brandie fréquemment comme un fétiche d’ambition scientifique, de surcroît appréciée des autorités universitaires et des agences qui donnent des crédits. Pourtant, pour parler d’interdisciplinarité, il faudrait que nous disposions de disciplines clairement définies. Or, nous n’avons aucun critère clair de ce qui constitue une discipline (la tension entre le domaine social considéré – avec les aléas historiques et épistémologiques du découpage) est insoluble. Les disciplines sont souvent des conglomérats d’intérêts instables, ayant eux-mêmes grand besoin de dialogue intra-disciplinaire. De plus, les luttes de pouvoir entre disciplines sont légion ; elles considèrent volontiers leurs rivales comme des « préalables » ou des « sciences auxiliaires » pour leur propre travail. On pourrait, à la rigueur, parler de petite interdisciplinarité, ou plus modestement, d’interméthodologie, comme objectif souhaitable (et souvent nécessaire au sein d’une discipline donnée). Ce sont des méthodologies que nous combinons avec fruit, et cela au sein d’une discipline spécifique. Abandonnons donc l’interdisciplinarité, concept qui ne sert qu’à lutter et/ou qu’à obscurcir (au mieux, à décrocher des crédits de recherche).
Translated title of the contribution | Interdisciplinarity doesn’t exist |
---|---|
Original language | French |
Pages (from-to) | 155-170 |
Journal | Questions de communication |
Volume | 19 |
DOIs | |
State | Published - 2011 |