Le direct : une politique de la voix ou la télévision comme promesse inaccomplie

Translated title of the contribution: Live television: politics of the voice

Research output: Contribution to journalArticlepeer-review

Abstract

Posons la thèse qui sera défendue tout au long de cet article : la télévision demeure profondément influencée par la possibilité de l'émission en direct,
alors même que, proportionnellement à l'ensemble des émissions, le « vrai direct » a perdu du terrain sur le long terme (1). S'il est un langage de la télévision, ou,
pour être plus modeste, une spécificité sémantique, elle réside dans cette
promesse rarement accomplie, mais toujours virtuellement présente.
A cette thèse, associons un certain nombre de corollaires. La réalisation de
cette promesse du direct n'est pas d'abord un fait technique (le « vrai direct »). Pour le spectateur, le direct est un phénomène indissociablement sémiotique et social. La réalisation de la promesse passe par des codes de l'image et des sons, interprétés dans certains contextes sociaux favorables à la croyance au direct. Assis sur une possibilité technique, le direct est un ensemble de configurations de sons et d'images, associé à un certain type de relations sociales :
entre l'institution télévisuelle et les spectateurs, entre les spectateurs eux-mêmes. En termes sémiotiques, le direct dépend d'abord des sons et, plus encore, de la voix, dans ses aspects verbaux et paraverbaux. Les images confortent, confirment (parfois infirment) un sentiment du direct
qui est né de la voix, qui est en permanence maintenu et entretenu par la voix.
Au sein des images, c'est le regard à la caméra qui est hiérarchiquement premier
parmi les indicateurs de direct. Dans le texte télévisuel, l'on peut certes
trouver des genres au sens classique de la littérature ou du cinéma. Mais, par rapport au sentiment du direct, on peut aussi y trouver des « types » de télévision, hiérarchisés à partir du « direct accompli », instant suprême et premier de la télévision. Ces types peuvent se retrouver dans des
émissions entières, mais aussi dans des séquences brèves, indicatrices, elles aussi, de la catégorie de direct - et dont on trouvera, en annexe, un tableau récapitulatif. Au plan cognitif, le direct est un phénomène pluriel. Diverses ressources peuvent être utilisées par les médias pour donner
un sentiment du direct qui peut demeurer latent, coexister avec des croyances
logiquement incompatibles : on peut par exemple éprouver un sentiment du direct dans une émission que l'on sait par ailleurs en différé.
Translated title of the contributionLive television: politics of the voice
Original languageFrench
Pages (from-to)61-78
JournalReseaux
Volume15
Issue number81
DOIs
StatePublished - 1997

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